• La nuit est tombée. Dehors, les grillons font la fête au ciel, à l'unisson et en cadence, s'il vous plait. La petite horloge égrène ses tic-tac lancinants. Au même rythme coulent des perles humides sur la table. Légèrement plus rapide, le cœur bat, avec ses à-coups irréguliers qui deviennent familiers. Et 20 000 fois plus rapidement, fusent les idées noires et les pensées morbides dans ma tête tenue à deux mains.

     

     

     

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    La petite carapace se fissure. Trop de choses en une semaine, trop de sentiments, d'émotions et de sensations contradictoires, en si peu de temps. Les dents serrées ne peuvent rien face au barrage qui est en train de céder, face à la boule dans la gorge qui serre à étouffer, à ce cri trop longtemps réprimé.

    Trop instable, je me retrouve sur un fil, au-dessus d'un ravin, un jour de tempête, avec aucune ombrelle me servant de balancier et garant de mon équilibre.

    Sans aucun parachute, non plus.

     

    <o:p> </o:p>

    Je regarde le vide en dessous. Il ne me fait pas peur. Il ressemble tant aux méandres qui m'habitent, à ce tourbillon noir de mélancolie, d'incertitudes et de dénigrement qui absorbe toute pensée ou énergie positive. Transformant chaque lueur en obscurité, chaque sourire en froid éloignement, chaque baiser en parole mordante, chaque caresse en coup.

    Un tourbillon lent, qui tourne, emberlificote les pensées, les envies, les sentiments, les besoins.

    Un tourbillon noir comme une nuit sans étoile, comme de l'encre de Chine.

    Avec un bruit, comme un vrombissement sourd, opaque, continu.

    <o:p> </o:p>Un tourbillon qui ligote, pieds et poings liés, forçant à regarder le passé en face, et à tourner le dos à l'avenir.

     

     

    Des images fusent. Même les beaux souvenirs sont entachés par un petit désagrément, de ceux qu'on oublie pour ne garder que les autres bons évènements de la journée.

    <o:p> </o:p><o:p></o:p> <o:p></o:p> 

     

    Comme hébétée, je reste là, sans un son, sans une parole correctement émise, sans mots pouvant coller à la réalité, à regarder le mal qui émane de moi. Par mes pensées, mes actes, mes paroles.

    S'en suivent les « tu l'a bien mérité », et autres dénigrements.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p></o:p> 

     

     

    <o:p> </o:p>  

    Je reste passive. Je laisse faire la sale voix. Elle parle si bien à ma place, la June.

     

     

     

     

     

    Je le sens pourtant, le mal que je fais aux gens. Mais je ne parviens pas à me contrôler, à être moins désagréable, moins capricieuse, moins lunatique, moins boudeuse, moins pessimiste, moins fataliste.

     

     

     

     

    Moins chiante.

     

     

     

     

    <o:p> </o:p><o:p></o:p> <o:p> </o:p><o:p></o:p> <o:p>J'ai mal, là tout au fond, et puis là au coeur aussi, celui qui est dans un cocon trop serré. Mais même le meilleur cutter ne parvient pas à déchirer sa protection envers les sentiments. </o:p><o:p>Il étouffe pourtant, je le sens bien qui se débat, mais la raison le fait tenir au garde à vous le plus souvent. Parfois, quand elle doit s'occuper d'autre chose, elle le laisse faire ; alors, ivre de liberté, il se met à faire n'importe quoi n'importe comment.</o:p><o:p>La raison ne sait comment expliquer ses ratages et autres dérapages, alors elle se confond en excuses, et part se cacher, tout là bas au fond, une petite place sombre, bien cachée, où elle pourra se recroqueviller et se punir de pas avoir été assez responsable.</o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p></o:p> <o:p></o:p> 

     

     

     

     

     

    Les grillons entament une nouvelle sérénade à la lune.

    La petite horloge continue ses tic tac.

    Les perles roulent toujours et tombent comme la pluie de la semaine dernière, régulières.

    Le cœur ralentit.

    Les pensées aussi.

    <o:p> </o:p><o:p></o:p> 

     

    Elle tentent de s'échapper sous ma peau, la marque par en dessous.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p></o:p> <o:p></o:p> <o:p></o:p>  

     

     

     

    Rouges.


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  • ***Ceci est un texte fictif...***

     

    Les cloches de l'église toute proche me sortent de ma torpeur... Un coup, deux coups... Douze au total. Quel jour on est déjà ? Ah oui, samedi...

     

     

    C'est mon anniversaire.

     

     

    Je rechigne à allumer mon portable... Les « Joyeux anniversaire », « et un an de plus ! » me soûlent plus qu'autre chose. Je n'aime pas les anniversaires. Surtout le mien.

     

     

    Je l'allumerai plus tard.

     

     

    Je descends dans la cuisine. Il fait un froid glacial. Personne à la maison. Mon père doit être au boulot. Un message sur la table me le confirme, et me préviens qu'il ne rentrera qu'en fin de journée. Toute la journée toute seule...

     

     

    Parfait.

     

     

    Journée cocooning alors. J'allume un feu dans la cheminée, admirant les flammes orangées qui crépitent. Leurs formes éphémères ondulent... Et me calme. Je m'étale devant la télé et zappe. Rien d'intéressant... ça n'a rien d'étonnant. Je pioche dans ma sélection de DVD musicaux. Non... un film plutôt. L'étrange Noël de Mister Jack tiens. Même si ça me rappelle des souvenirs qui me lacèrent une fois de plus...

     

     

    Le squelette efflanqué me fait sourire. Il est si naïf... Si enfantin lorsqu'il découvre la « magie » de Noël... Il n'y a bien que dans les films que cette fête est « magique ».. Aujourd'hui... Ah, aujourd'hui... Ce n'est plus ce que c'était...  Mais cet univers fantomatique me va parfaitement. Les esprits sont de meilleure compagnie que les humains... Fin du film, je m'étire longuement et parviens à me lever. Bon, quitte à être une larve, autant l'être propre. Donc douche fissa. Oh et puis non... Comme je suis sûre d'être tranquille, ce sera un bain.

     

     

    Quelques bougies, pas un bruit autre que celui de l'eau... Je m'enfonce dans ce lit humide de mousse. Et pourtant ce semblant de bien être ne réussit à pas à apaiser mon esprit... Toujours les mêmes images... Et l'eau brûlante ne me réchauffe pas pour autant. Je reste glaciale en dedans. Tant pis. Je sors. Ça ne sert à rien de se faire des illusions.

     

     

    Je m'avance vers la cheminée, en me séchant vigoureusement les cheveux. Tiens, j'ai oublié d'ouvrir les volets... J'ouvre donc la fenêtre et décroche les volets. J'arrête mon mouvement. Je fixe, étonnée, le paysage au dehors.

     

     

    Il neige.

     

     

    Parfait, pour un anniversaire...

     

     

    Je regarde l'heure. Bientôt 17h... J'aurais vraiment traîné...

     

     

    Je fixe le paysage dehors. Toute cette neige immaculée me calme. Me reviennent des souvenirs d'enfant... Les courses de luge, les batailles... « Le temps de l'insouciance » comme le disent certains.

    Ils n'ont pas tord.

     

     

    Un détour par la chambre pour m'habiller. Ma garde robe est assez funèbre, mais pour un jour comme celui-ci ce sera parfait. Je mets la dernière touche à mon maquillage lorsque mon père rentre du travail. Il a l'air si fatigué... Je le regarde, et lis de la tristesse dans ses yeux.

     

     

    -Je vais voir maman, tu viens avec moi ?

    Il détourne le regard. Ce sera sa seule réponse.

    Je pousse un soupir résigné. Je m'y attendais à cette réponse... Quatre ans qu'il ne change pas de discours. Tant pis ; j'irai seule à son anniversaire.

     

     

    Il redescend au garage. « Pour éviter de penser, il faut travailler » me disait-il il y a longtemps. Mouais, ça marche peut être pour lui, mais pas pour moi...

     

     

    Un paquet sur la table de la cuisine attire mon regard. Des roses rouge sombre... Comme le sang.

     

     

    Sa manière à lui de participer sans doute...

     

     

    Je prend le paquet et ouvre la lourde porte. Le froid me brûle les joues. Mais j'avance quand même.

     

     

    J'aime la neige. Lorsqu'elle tombe, tout se calme, comme si son manteau étouffait les bruits de la ville. Il n'y a personne au dehors. Tout est tranquille... Comme apaisé. Ces moments me manquent le reste de l'année...

     

     

    Dix minutes plus tard, je me trouve face au portail noir. Pas de sonnette, on y entre comme dans un moulin... Je suis l'allée de gravier, et arrive devant la demeure en pierre.

    Je reste plantée devant.

     

     

    -Bonjour maman.

     

     

    Je me baisse, pose les fleurs à terre. Et enlève la neige de la plaque.

     

    « A mon épouse,

    A ma maman,

    Partie trop tôt retrouver les anges... »



    Luna


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  •  

     

    17 avril

     

    Pour ma petite fée espiègle...
     
     
    Une petite fille se baladait avec ses parents dans la campagne. Au bord d'un ruisseau, elle voit deux libellules, accrochées l'une à l'autre. La petite fille les regardent en souriant, puis, d'un regard interrogateur, demande à sa maman :
    -Maman, c'est quoi l'amour ?
    La maman est bien embêtée...
    -Va demander à ton père, lui dit-elle.
    La petite fille obéit, et va poser sa question à son papa :
    -Papa, c'est quoi l'amour?
    Après un bref regard à sa femme, il lui répond :
    -L'amour, ce sont des sentiments qui font perdre un peu la tête, qui font chaud au cœur, qui rendent la vie belle... C'est aimer, vouloir partager des choses avec quelqu'un, ou avec ses amis. Dans une relation amoureuse, c'est penser à l'être aimé très souvent, voire tout le temps, ne rêver que d'elle, vouloir être le plus possible en sa compagnie, pour le voir, lui parler, le toucher. Sinon, la personne nous manque terriblement.
     
    La petite fille est perplexe.
     
    -Il y aurait-il des mots que tu n'aurais pas compris ?, lui demande alors son papa.
    -Non... je crois avoir compris... Mais pourquoi certaines personnes en couple se disputent ? Si elles sont en couple, c'est qu'elles s'aiment... Alors pourquoi se déchirent-elles ?
     
    Le papa semble gêné. Mais il se décide à répondre.
    -Parce que parfois, l'être aimé n'est pas tout à fait ce que l'on pensait... Il a des qualités, certes, mais aussi des défauts, qu'on ne voyait pas au premier abord... L'amour rend aveugle tu sais... Ce n'est qu'une expression, mais elle a du sens : une fois amoureux, on est un peu « dans les nuages », on trouve la vie belle, on ne voit que le bon coté des choses. Puis, après quelques jours, quelques semaines, mois ou années, on se rend compte que la personne qu'on aime est aussi un être humain... et les sentiments peuvent s'effilocher... On se renferme sur soi-même, on ne parle plus beaucoup, on se sent incompris... Parfois la jalousie s'en mêle, parce qu'on préfère discuter avec d'autres personnes, et la personne qui partage notre vie ne l'accepte pas forcément. C'est dur de faire confiance à l'autre, tu sais. D'accepter de ne pas tout savoir de sa vie, pour ne pas l'étouffer. Même si on a envie de savoir comment étaient ses journées, qui l'accompagnait, de quoi ils ont parlé... Puis l'un ou l'autre s'éloigne, et c'est ainsi que naissent des incompréhensions, puis les disputes... Est-ce que j'ai répondu à ta question ?
    -Oui... je pense avoir compris... Merci papa, lui répondit la petite fille.
     
    Elle s'en retourna au bord de l'eau. Son père la suivi.
     
    -Mais alors... C'est bête l'amour ? Enfin j'veux dire... C'est cruel... Comment quelque chose qui semble si beau peut-il faire autant de mal ?
    -Ah ça..., soupira son père, c'est une bonne question...
     
    La petite fille se releva, et affirma, digne et fière :
    -Eh ben moi jamais je ne tomberai amoureuse. JAMAIS ! Si c'est pour souffrir après avoir tant rêvé et espéré, ça vaut pas la peine...
    Son père sourit.
    -Ça ne se commande pas tu sais. Tu peux même tomber amoureuse sans t'en rendre compte... Tu ne t'en aperçois que lorsque la personne qui t'est chère est avec quelqu'un d'autre, ou bien loin de toi pendant longtemps...
     
    La petite fille soupira.
    -C'est dur l'amour... c'est... c'est quoi le mot que tu m'as apprit hier déjà ? « épiègle » ?
    -« Espiègle » répondit son père dans un sourire.
    -Oui, voilà..., dit-elle en se rasseyant auprès de son père. L'amour, c'est « espiègle » articula-t-elle avec application. Ça donne au début, et ça reprend tout sans qu'on s'en rende compte... Ou alors on le cherche, alors qu'il est là, en face de nous... Ou encore, il nous pique à un moment où on n'en veut plus, où on ne l'attend pas...
    Son père sourit.
     
    -Tu en comprends des choses toi, alors que tu es encore si jeune... Mais je t'en prie ma petite fille, n'oublie pas : le rêve peut être source d'amour... Partage tes rêves avec quelqu'un, ou avec tes amis... Car l'amour ce n'est pas qu'entre deux personnes, tu sais, l'amitié est une forme d'amour... Parfois plus à l'abri du temps que l'amour lui-même..., dit-il, songeur.
    Partage, donne, soit attentive aux personnes autour de toi qui ont besoin de sourire... Qui ont besoin de Ton sourire...
    Ne bride pas tes rêves, dit-il en prenant sa fille dans ses bras, car quand on grandit, c'est tout ce qui nous reste pour supporter le quotidien...
     
    Alors la petite fille le regarda, et lui offrit son plus beau sourire...
     
    Elle se leva, et marcha en direction de sa mère.
    -Où vas-tu ? lui demanda son père.
    -Je vais partager mon sourire que je t'ai donné avec maman, lui répondit-elle. Peut être que comme ça, vous vous rapprocherez...
    Son père sourit avec tristesse.
    -Dis papa, tu me les raconteras aussi tes rêves ? Un jour ?
    -Un jour, oui... peut être... Mais tu sais, les rêves de quand on est petits sont très différents de ceux qu'on a une fois grands...
    -C'est pas grave... Tant que ce sont des rêves, et que tu les partages avec moi... ça t'aidera à supporter ta vie « de grand » !
    Et elle s'en alla en chantant :
    « Je ne veux pas paralyser mes rêves... Jusqu'au bout, je ferais de mon mieux... »
     
     
     
    Luna.

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